Interview La maison de Julius est romaine aussi, mais pourtant différente. Oui, car elle fait partie d'une "villa" - un vaste domaine agricole. On en a retrouvé beaucoup dans les campagnes. Certaines étaient très riches et chauffées par hypocauste, c’est-à-dire par circulation d’air chaud dans le sol comme les thermes. Le sol des pièces principales était souvent recouvert de mosaïques, les unes présentant de simples figures géométriques de teintes différentes selon les pierres utilisées, tandis que d'autres figurent des scènes, comme celle qu’on voit chez Julius. Les jardins aménagés au centre des maisons (au coeur du péristyle) étaient soignés : fontaines, tonnelles, statues, arbres taillés, fleurs. Tout près, on trouvait le verger. Au-delà des limites de l’habitation s’étendaient les champs. Le matériel vocal, semi-vocal et muet est-il une invention de Julius ? Non non, on trouve ces expressions dans des textes. Alors que les esclaves “de maison” étaient souvent bien traités, les esclaves des champs étaient considérés comme du bétail et travaillaient dur. On voit aussi chez Julius une moissonneuse Une invention gauloise dont on a des descriptions et des représentations. Lala est une mule un peu étonnante, elle semble tout comprendre… Les mules des Celtes ont beaucoup étonné les Romains, parce qu’on ne les guidait qu’à la voix, et qu’elles obéissaient parfaitement. Le sel ne se récoltait-il pas dans des marais salants ? Pas encore. Pour l’atelier de Moricambo, je me suis inspirée des découvertes archéologiques faites en Armorique et à partir desquelles on a pu reconstituer les opérations réalisées pour obtenir le sel. On faisait chauffer longuement la saumure (eau très concentrée en sel) dans des godets posés sur une grille. Une fois l’eau évaporée, on obtenait un cylindre de sel gris et on le posait sur un tamis pour qu’il finisse de s’égoutter. Souvent, le sel collait aux parois et on était obligé de casser le godet. Par chance (pour nous) les accidents de chauffage et de démoulage nous ont permis de retrouver beaucoup de débris dans les trous à ordures, et on connaît donc bien ces récipients d’argile. Ils étaient généralement moulés sur un billot de bois fixé verticalement sur un établi. Le sel était une grande richesse, car essentiel à la conservation des aliments en un temps où on ne pouvait guère compter sur les congélateurs. Et l’école ? N’est-ce pas Charlemagne qui l’a inventée ? Disons que Charlemagne a voulu, 800 ans après, faire la même chose que les Romains, créer des écoles partout. Pour les Romains, c'était d'autant plus important dans les pays conquis qui ne parlaient pas latin, pour diffuser plus vite leur langue. Cependant, l’école n’étant pas obligatoire, beaucoup d’enfants n’y mettaient jamais les pieds. D'autant que la discipline était très dure, et que les parents devaient souvent se battre avec leurs enfants pour qu’ils y aillent. Dans les représentations qu’on en a, les élèves sont assis devant le maître qui tient dans sa main une baguette. On commençait à sept ans (primaire), puis on passait en classe de “grammaire” (secondaire). Les plus favorisés allaient ensuite à l’université. On apprenait à écrire sur des tablettes de bois enduites de cire, où l'on gravait les lettres avec un style - une tige de fer pointue à un bout pour écrire, et en spatule à l’autre pour effacer en lissant la cire. Les choses importantes s’écrivaient sur papyrus (lamelles de roseau tressé), avec un calame (roseau taillé en biseau). Le papyrus coûtait cher, car il fallait le faire venir d’Égypte. Aussi, on gravait parfois simplement avec une pointe sur des morceaux de poterie. Au IVème siècle, le papyrus sera remplacé par le parchemin (peau tannée). Vous parlez de la ville “inconnue” d’Herculanum. Or, aujourd’hui, elle est très connue. ... Par ses ruines, malheureusement pour elle. Comme Pompéi, elle a été ensevelie en l’an 79 par l’éruption du Vésuve. À l’époque où se déroule mon histoire, en 67, on ignorait que le Vésuve était un volcan. Ses éruptions précédentes étaient si anciennes qu’on en avait perdu le souvenir. Pline l’Ancien, dont il est question dans ce roman, est mort lors de cette éruption. Il avait aperçu de loin les fumées, et sa curiosité scientifique l’avait poussé à traverser la baie en bateau pour aller voir de près, sans se douter du danger. |